12.12.15

Un mois de cueillette


Samedi 7 novembre nous quittions notre Mont brumeux pour nous diriger vers Cudal, où nous avons travaillé en tant que cueilleurs de cerises pendant un mois.

Arrivés vers 11h, nous rencontrons Frank, un chinois d'une petite trentaine d'années, qui vient d'acheter la ferme et qui nous annonce qu'à cause de l'orage d'hier il a perdu 45% de ses récoltes. On décide de rester quand même car pour 3$ par nuit par personne on a accès à un frigo, des douches chaudes, toilettes et tout ce qu'il faut. Toute la famille de Frank vit et travaille à l'exploitation. Ils ne parlent pas tous très bien anglais. Des fois, ça crée quelques confusions. Mais ils sont gentils et font souvent des blagues. On est payés 1$ le kg. C'est plus ou moins le tarif pour les cerises.
A part nous il y a un groupe d'allemandes qui se sont installées dans le coin prévu pour tout le monde, et en ont pris le monopole, ne laissant  pas un centimètre carré pour nous.  Du coup on est juste dans notre van et dès que la nuit tombe on n'a pas de lumière.


Dimanche, premier jour de travail.
4h40, réveil un peu difficile dans le froid matinal après peu d'heures de sommeil.
A 6h, on était dans les allées à cueillir nos premières cerises. A cause de la météo les récoltes sont assez pauvres donc ça prend longtemps de remplir une caisse. A midi, pause déjeuner, à 13h on était de retour dans les cerisiers.
A 18h, Paxton et moi étions les derniers encore là, mais on n'avait fait que 6 "lugs" chacun (un lug = une caisse = 8kg ; payé 1$ le kilo...). Quand on finit un lug (une boîte), Laam, le papa de Frank, vient nous voir et nous donne un ticket à garder bien précieusement car c'est comme ça qu'on sera payés. En 11h de travail on n'avait donc ramassé  que l'équivalent de 48$ chacun.


Lundi matin, 6h, on a fini la rangée commencée la veille puis on s'est attaqués à la toute dernière rangée prête à être récoltée, partagée avec deux chinoises qui ont commencé depuis l'autre bout. La différence entre les chinoises et nous c'est que les chinoises jettent la moitié des cerises qu'elles cueillent (on doit jeter les cerises abîmées, mais comme elles le sont toutes plus ou moins, si on veut gagner un peu d'argent, on doit quand même garder certaines qui sont un peu abîmées). Il faut faire bien attention de n'oublier aucune cerise sur l'arbre sur lequel on travaille. Au final le plus pénible c'est de monter et descendre de l'échelle et la changer de position de quelques mètres, parce que c'est lourd et que le sol est irrégulier, plein de trous de lapins. On a terminé à 11h. Dans l'après-midi on a reçu un appel de Mikey et Dan qui venaient nous rejoindre. Ils sont arrivés en fin d'aprem. Comme les allemandes sont parties on a pu emménager sous l'abris en tôle. Enfin.
Une famille d'américains a rejoint le camp : un papa avec ses trois enfants de 19, 15 et 13 ans. Ils sont assez sympas. Ils sont texans donc leur accent n'est pas toujours évident à comprendre. 

Mercredi, 6h, nous voilà de retour dans les allées après un jour de repos car ils ont prévu de l'orage pour cet après-midi et demain alors on doit vite récolter avant que l'orage n'éclate. A 15h la pluie démarre et ils nous demandent d'arrêter la cueillette. Ce n'était que quelques gouttes mais ils ne veulent que l'on récolte les cerises quand elles sont mouillées car elles s'abîment.
A 18h, Frank vient nous voir au campement avec deux énormes pizzas.


Jeudi, démarrage à 6h, puis vers 11h la pluie a redémarré donc on a du arrêter de travailler. En rentrant au campement il y avait deux français qui voulaient savoir combien on était payés. Quand on leur a dit, ils sont devenus aggrésifs en nous disant qu'on était sous-payés et que eux, dans une ferme, sous-payés, gagnaient 100$ par jour. Ils étaient extrèmement désagréables nous donnant "un bon plan" qui s'avérait être la ferme d'un français (non merci) à 4h30 de route.
Plus tard, un autre couple de français est arrivé. Ils sont restés environ une semaine. Ils étaient assez discrets, polis et sympas. Ensuite, un groupe de trois copains anglais a rejoint le groupe: Narmy, Max et Adam. Les australiens et les anglais se sont tout de suite entendus et, ça tombait bien, il y a trois anglais trois australiens. Ils ont vite instauré le Frankathlon, des olympiades qui comprennent tous types d'activités du style un tournois d'échec, un relai, etc.

Au final l'équipe sur place était composée de Mikey et Dan, les trois anglais : Narmy, Max et Adam, Chris le monsieur qui cueille deux fois plus vite que tout le monde, Terry le monsieur vraiment pas dégourdi, les américains, Paxton et moi.

On a postulé pour être bénévoles à deux festivals : Woodford Folk Festival, qui se déroule entre Noël et le Nouvel An, et Earth Frequency pour lequel on a déjà travaillé l'année dernière et qui a lieu en février. On a tout de suite été pris pour Woodford pour la mise en place du festival. Paxton fait partie de l'équipe technique et moi je m'occuperai de la mise en place du bar et des stands. Du coup, mon poste démarre le 18 décembre, donc on retournera à Brisbane à ce moment-là.

Vendredi 27 on a enfin eu un jour de repos donc jeudi soir on a fait une petite soirée au camp avec tout le monde. C'était très sympa, mais comme on est tous habitués à se lever à 5h, à 23h on était tous au lit.

Dimanche 29 on commence à se dire que gagner 50$ par jour on en a un peu marre et que peut-être qu'il va falloir changer de ferme d'ici peu.



Samedi matin nous quittions la ferme de Frank. C'était très bizarre après avoir passé plus d"un mois là-bas, de prendre la route pour de bon. Ils ne nous ont même pas demandé de payer pour ce mois de loyer. Ils nous on beaucoup remerciés car on est restés (presque) jusqu'au bout, et ils ont beaucoup apprécié pouvoir compter sur nous car la plupart des cueilleurs abandonnent très vite ou abîment les arbres. Nous on est de bons cueilleurs, on fait notre boulot correctement, et je trouve assez incroyable que ce soit quelque chose de rare. On fait juste notre boulot quoi...

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